En direct de Lady First 3 sur la Transat du RORC
Le 8 janvier, Christopher Pratt et l’équipage de la belle Lady First 3 ont mis les voiles depuis Lanzarote. Avec les trente autres concurrents de la transat du RORC (NDLR : Royal Ocean Racing Club), ils vont traverser l’Atlantique pour rejoindre Grenade en une quinzaine de jours. Christopher vous raconte leur périple avec ses carnets de bord quotidiens.
Jour 1 - Samedi 8 janvier 2022
Départ canon de Lanzarote. Conditions de rêve autour des îles Canaries : une vingtaine de nœuds tout autant de degrés et un soleil radieux ! C’est un spectacle splendide de voir ces 30 bateaux s’élancer pour la traversée mais c’est aussi un départ très technique pour un équipage à peine descendu de l’avion et encore engourdi par la trêve des confiseurs !
Le premier coucher de soleil de cette transat RORC semble annoncer la couleur d’une traversée sous les meilleurs hospices : couleurs splendides, dauphins sautant dans le soleil couchant, notre Lady filant à bonne allure sous spi et cuisine de notre cheffe Corinne mieux qu’à la maison !
Très vite, Neptune nous rappelle à notre réalité de simples visiteurs en ses lieux : des empannages dans une mer formée et chaotique et une première nuit tonique bien noire lors de laquelle nous brisons notre loop de têtière de spi (NDLR : petite pièce maintenant cette grande voile d’avant qui ressemble à un ballon). Ledit spi part à la mer et voilà donc tout le monde sur le pont pour récupérer la voile dans l’eau ! Heureusement, nous parvenons rapidement à la hisser à bord sans trop de dégâts. La fin de nuit se fait tout de même sous voilure réduite.
Jour 2 - Dimanche 9 janvier 2022
En début de matinée, nous faisons route vers le sud-ouest en essayant de négocier au mieux les dévents des îles Canaries.
Cette fois, c’est Éole qui nous rappelle qu’ici, c’est lui qui décide ! Nous restons scotchés de longues heures dans des calmes désagréables, ballotés par une mer encore formée et sacrément désordonnée. C’est ce moment précis que l’électronique du bord choisit pour « se mettre en rideau », comme on dit dans le jargon… ! Cela prendra de longues heures de travail pour identifier et isoler le problème et repartir en mode course avec un bateau presque à 100 % de son potentiel !
Le vent se lève avec la nuit qui tombe et cette seconde nuit en mer s’avère parfaite. Le bateau file au reaching dans un vent modéré et une mer très maniable. Il fait encore frais et quelques vagues nous rappellent que Neptune nous a toujours à l’œil !
Jour 3 - Lundi 10 janvier 2022
Ce matin, c’est conciliabule météo avec Xavier. Quelques routages et neurones grillés
plus tard, nous réajustons notre cap pour rester sur une route proche de la route directe. Cela devrait nous permettre d’éviter un maximum les calmes de ces prochains jours, mais cela nous contraindra à négocier une dépression dans la nuit de mercredi à jeudi au beau milieu de l’Atlantique ! À ces latitudes, habituellement, on surfe dans un alizé établi… « Y’a plus de saison ma brave dame, que voulez-vous ! » 😉
Aujourd’hui, la température et les conditions sont douces. Nous allons avoir quelques heures agréables dans les prochains jours. Juste ce qu’il nous fallait pour réparer ce qui doit encore l’être et de se mettre en conditions pour affronter la « tempête » qui s’annonce pour mercredi soir.
Douce nuit en ce troisième jour de mer. Nous filons sous code zéro (NDLR : grande voile très légère qui permet de serrer le vent en cas de vent faible) avec une quinzaine de nœuds de vent et une mer quasiment plate. Il fait encore bien frais mais le pont est sec et le bateau glisse sans effort sous une demi-lune charmante. Les quarts continuent de s’enchaîner toutes les trois heures de manière fluide et dans une ambiance bon enfant.
La seconde partie de nuit sera bien plus agitée. Un petit passage de front, particulièrement humide, suivi d’une zone de calme auront suffi pour bien nous occuper !
Jour 4 - Mardi 11 janvier 2022
Au petit matin, belle surprise : nous apercevons nos amis de Tonnerre de Glen ! Nous avons rattrapé notre retard sur eux dans la nuit. Le vent s’établit à nouveau au sud et les conditions se durcissent tout au long de la journée avec une mer de plus en plus formée et des rafales à 25 nœuds en approche d’un second front sous un déluge digne du Pot-au-Noir ! Quand je vous dis qu’il n’y a plus de saison !
Au démarrage de cette quatrième soirée à bord de la belle Lady, nous sommes aux prises avec des calmes qui devraient nous occuper une bonne partie de la nuit avant d’attaquer le « gros morceau » de cette traversée de l’Atlantique : la dépression qui perturbe ou plutôt détruit l’alizé depuis notre départ…
Nous essayons d’effectuer les réparations sur les voiles que nous avons abîmées en début de course mais la manœuvre n’est pas simple quand tout est trempé après un après-midi entier sous des trombes d’eau… L’Atlantique en janvier, ce n’est vraiment plus ce que c’était… !