Dans la tête d’un skipper : le Vendée Globe, une source d'inspiration pour dirigeants et managers
✍🏼 Episode 1 - Résilience et renoncement
Depuis deux semaines, les skippers du Vendée Globe naviguent dans des conditions instables, mais clémentes. Fait remarquable, 39 des 40 bateaux sont encore en course. Cela reflète autant ces conditions que le niveau de préparation technique.
Vous me direz : pas grand chose à se mettre sous la dent pour la méthode MARSAIL
Eh bien si !
Nous reviendrons plus tard sur l’aspect stratégique, mais c’est d’abord de résilience dont je souhaite vous parler pour ce premier épisode.
💡Alors, c’est quoi au juste la résilience ?
Dans le champ de la psychologie, qui s’applique bien ici, elle se définit comme « la capacité ou le fait de s’adapter face à l’adversité, la tragédie, le traumatisme, les menaces ou les sources importantes de stress tout en poursuivant ses objectifs ».
💪 Louis Burton : l’incarnation de la résilience
Alors, le maître de la résilience sur ce début de course, c’est évidemment Louis Burton ! Il nous avait déjà démontré des facultés mentales et physiques hors norme lors de la précédente édition, mais là… réparer une fissure géante de 3 mètres (la moitié de la coque…) sur son IMOCA, c’est juste dingue ! C’est bien sûr une prouesse technique, mais plus encore un sacré exemple de résilience. Dans cette situation la plupart des marins aurait jeté l’éponge tant devant l’ampleur de la réparation à réaliser en pleine mer que devant l’incertitude d’y parvenir et qu’elle soit viable dans le temps.
L’avenir nous dira si son bateau fera preuve d’autant de résilience (en ingénierie : c’est la capacité d’un système ou d’une structure à résister à des chocs ou perturbations tout en continuant à fonctionner ou en retrouvant son état initial) que lui !
Cet exemple nous invite à réfléchir : la résilience est une qualité essentielle, mais qu’en est-il lorsqu’elle devient un fardeau ? Jusqu’où doit-on aller pour prouver que l’on peut « tenir » ? En poussant cette question de la résilience, nous pouvons nous interroger sur le renoncement. La résilience est considérée dans la littérature actuelle comme un concept vertueux, mis en avant comme un atout à avoir dans sa besace de soft skills du bon leader ! Pour autant, savoir renoncer n’est-il pas tout aussi important ? La résilience poussée à l’extrême n’est-elle pas justement ce qui conduit au burn-out ? Faut-il être résilient quitte à renier ses valeurs ou ses besoins, à ignorer ses limites ?
✋ Maxime Sorel : l’élégance du renoncement
L’exemple de Maxime Sorel et de son abandon surprise 4 jours seulement après le départ nous offre peut-être un début de réponse. Avant tout, je me dois de faire une clarification fondamentale : en termes de résilience et d’abnégation, Max en connait un rayon ! Il a terminé son premier Vendée Globe aux forceps après de multiples avaries et coups du sort ; deux ans plus tard, il ’est hissé sur le toit du monde après une ascension sous haute tension dans des conditions de vent dantesques !
Tout résilient qu’il est, il nous a appris et il a peut-être appris lui-même l’art du renoncement.
Handicapé dès les premières heures de course par un problème de hook de grand voile (système permettant de bloquer la voile en haut du mât), il a du grimper au mat à plusieurs reprises. Il s’est blessé à la cheville lors d’une de ces montées. Après plusieurs tentatives, il a du se résoudre à stopper son navire pour faire un état des lieux techniques mais surtout physique. Et, c’est bien son corps qui a dit stop pour lui. Il a renoncé parce que la limite était franchie : celle d’un corps qui ne peut plus se déplacer en sécurité à bord, celle d’un corps qui a besoin de repos pour guérir. Max a donc renoncé à son rêve de Vendée Globe après moins d’une semaine de course : impensable ! La résilience a des limites et c’est très bien ainsi.
Résilience et renoncement : deux forces complémentaires ?
Ces deux histoires illustrent cette dichotomie universelle présente en entreprise comme en mer :
- Quand faut-il persévérer malgré les obstacles ?
- Quand faut-il accepter que lâcher prise est la meilleure décision ?
👉 Et vous, en tant que leader, résilience ou renoncement ?
Vous voulez en parlez avec moi ?