En direct de l'IMOCA Charal sur la Transat Jacques Vabre
MARSAIL vous emmène à bord de Charal ! Le duo Pratt/Beyou s’est lancé à l’assaut de la Transat Jacques Vabre 2021 le 7 novembre dernier. Tout au long de la mythique course, Christopher vous fait vivre la course en direct depuis l’IMOCA par ses carnets de bord pour La Provence. Des mots qui ont voyagé, nés entre les pontons du Havre et les vagues de l’Océan Atlantique.
Épisode 1 : une course se gagne à 80% avant le départ
L’édition 2021 de la Transat Jacques Vabre est bel et bien lancée ! C’est non sans émotion que Jérémie Beyou et moi avons quitté le bassin Paul Vatine au Havre dimanche dans la matinée. C’est ma 6e participation à cette course — et je ne compte plus le nombre de départs que j’ai vécu — pourtant l’émotion reste intacte. Cette fois-ci peut-être encore un peu plus intense que les précédentes. Parce que j’ai déjà terminé à trois reprises 3e et que j’ai la rage de l’emporter. Parce que c’est mon premier grand départ sans mes filles. Parce que cette année m’a éprouvé à nombre d’égards. Parce qu’Amandine m’a tenu la main jusqu’au bout. Quitter le quai est une épreuve en soi. Pourtant, dès la sortie de l’écluse, c’était parti. La concentration sans faille des grands jours. La motivation des grands moments. La détermination des grandes échéances.
À bord de notre IMOCA60 CHARAL, nous avons pris un beau départ au large des côtes normandes dans un vent bien établi : de quoi régaler le public au passage mythique d’Étretat ! Jamais je ne me lasserai de ces côtes acérées, taillées dans le vif de la craie, baignées d’un soleil normand si particulier ; ce passage quand la verticalité de la terre s’oppose à l’horizon qui s’ouvre à nous.
Un beau départ pour un duo de choc
Nous sommes fiers du départ de CHARAL. Le « vieux couple » que nous formons avec Jérémie a bien trouvé ses marques et nous avons signé une trajectoire propre et surtout conforme à nos souhaits ! Nous avons tout donné sur les manœuvres pour perdre le moins de temps possible en effectuant des changements de voiles en ligne. Mode Ocean Race activé ! (NDLR : il s’agit d’une manœuvre très engagée dans laquelle l’équipage n’arrête pas le bateau et hisse la nouvelle voile sans avoir affalé préalablement la précédente).
J’ai forcément une pensée pour nos camarades Louis Burton et Davy Beaudart qui ont malheureusement démâté après une dizaine d’heures de course. Que la loi de notre sport malmène parfois…
Météo équatoriale à la pointe Bretagne
À l’heure où j’écris ces lignes, environ 24 heures de course se sont écoulées, et seulement 250 milles sillonnés sur les 5 800 théoriques du parcours qui nous attend. Pourtant, nous avons presque l’impression que le film démarre par la fin… Nous nous étions préparés à cette situation très étrange de début de course. La pointe Bretagne ne nous épargne pas : un fort courant de face, des vents faibles et erratiques, des grains irréguliers… Ça nous rappellerait presque une fameuse zone équatoriale dont On Ne Doit Plus Prononcer Le Nom ! Si nous ne savons pas trop quand nous allons nous en sortir, la différence majeure (et fort sympathique !), c’est que nous ne sommes pas seuls et que tous nos copains sont dans la même situation. Étonnant démarrage que celui qui ressemble à un point de passage final ! Peut-être, parce qu’avec Jérémie, nous avons acquis une expérience singulière, nous gardons notre sang-froid. Une bonne mise en jambe pour cette transatlantique qui s’annonce passionnante. La stratégie sera au cœur de la course et ce n’est pas pour nous déplaire !
Je suis honoré d’être à bord de ce bateau et j’ai une amicale pensée pour notre sponsor et tout le Charal Sailing Team qui nous a permis de nous élancer dans des conditions optimales. Quatre-vingts pour cent d’une course à la voile se gagne avant le départ. Le reste est à écrire, et croyez-moi, on y travaille dur !