Dans les sciences du sport il existe de nombreuses recherches réalisées en laboratoire ou en simulateur sur différents aspects de la prise de décisions tel que les stratégies de recherche visuelle, la perception et la fixation du regard, le temps de réponse en comparant les experts et les novices (Mann et al., 2007 ; Williams et al., 1994) mais beaucoup moins de travaux ont été menés pour comprendre les processus cognitifs qui contribuent à la prise de décision dans des situations naturelles (Kermarrec & Bossard, 2013 ; Bossard & al., 2022). En effet, il est souvent difficile de mesurer la prise de décision dans des environnements sportifs dynamiques avec des niveaux de précision suffisants et sans perturber la performance (Kermarrec & Bossard, 2013 ; Smith et al., 2016 ; Williams & Ericsson, 2005).
Imaginez un peu les problématiques rencontrées pour une course au large entre l’hostilité de l’environnement, le temps assez long des courses ou encore la complexité des bateaux ! C’est ce beau défi que nous essayons de relever en ce moment chez MARSAIL !
Les commentaires de Christopher :
« Installer un protocole expérimental sur un bateau de course au large n’est en effet pas une chose aisée pour autant c’est un des rares sport ou les protagonistes disposent de temps pour commenter ou analyser leur performance au cœur de l’action. C’est de cette manière qu’il y a quelques années déjà nous avions pu lors du vendée globe 2012 tester la motivaion des skippers pendant l’ensemle de la course ! Avec Mael nous nous concentrons sur l’élement constitutif de la performance le plus important qui soit : la prise de décision ! »
Nous allons vous présenter une partie du travail de recherche que nous avons réalisé sur le circuit 2023 du Pro Sailing Tour avec les skippers et l’équipe à terre de Wind Of Trust-Marsail.
Lors de ces quinze jours de compétition nous avons rencontré de nombreux imprévus et dû faire preuve d’une forte capacité d’adaptation.
Les commentaires de Christopher :
« Le contexte de cette première participation au PRO SAILING TOUR pour marsail était extrêmement contraint en termes de ressources humaines, financières et temporelles. Le premier défi fut d’être sur la ligne de départ après avoir finaliser l’achat du bateau moins de 10 jours avant le coup de canon. Le second de me rapatrier des états unis en temps et en heure après mais participation à la 4me étape de The Ocean Race qui s’est terminée moins de 36 heures avant le départ ! Le troisième fut de parvenir à prendre en main très rapidement notre monture pour être compétitif face à une concurrence affutée ! enfin nous avons dû faire face aux nombreux aléas météorologiques et matériels qui nous on demandé beaucoup d’agilité et de résilience organisationelle. »
Par conséquent, l’ensemble de ces évènements nous a demandé d’adapter notre protocole de départ afin de pouvoir récupérer des données fiables et ne pas interférer avec la performance sportive ainsi que le travail de l’équipe WOT (pas de caméra sur le premier offshore, moins d’ITW skippers…).
Nous avions également prévu du matériel adapté au contexte de la course au large pour récolter des données :
- 2 Caméras piétons étanches avec 2 Cartes SD (512go) et 8 Batteries externes.
- 3 GoPro avec 4 cartes SD (256go) et 10 batteries.
- 1 DD externe (4T), 1 ordinateur, cables USB, fixations Gopro.
- Iphone, micro…
Les commentaires de Christopher :
« Les caméras on les oublies très vite on fait comme si elles n’étaient pas là. Quand au journal de bord c’est un outil qui était un petit peu sorti des habitudes sur nos bateaux très connectés ! le fait de reprendre cette routine nous permet de questionner notre manière de prendre nos décisions stratégiques, c’est un outil déjà puissant en tant que tel sans même parler du travail analytique que nous préparons par la suite ! »
Ainsi, grâce à cet équipement et certaine technique d’investigation nous pouvions récupérer des informations précieuses via à un journal de bord de recherche et de course, les conversations WhatsApp, les ITW Post course OffShore, l’activité des skippers filmée 24h/24h sur le bateau, les briefing équipe, la joblist quotidienne (TodoApp) ou encore une grille d’observation In-situ.
La prochaine étape va être d’analyser l’ensemble des résultats de cette recherche ainsi que nos deux autres protocoles réalisés depuis le début de la thèse sur la Transat Jacques Vabres 2021 et la Route du Rhum 2022. Ce travail, nous aidera à mieux comprendre de nombreux aspects de la performance des skippers de course au large, notamment les processus cognitifs qui sous-tendent leurs comportements et leurs prises de décision.
En outres, ce travail nous permettra de développer une méthodologie spécifique d’analyse des Facteurs Humains appliquée à la course au large, avec d’ailleurs dans quelques jours notre dernière expérience qui aura lieu sur L’imoca VnB/Monbana avec Maxime Sorel et Christopher Pratt lors la Fastnet.
Aller plus loin :
Naikar, N. (2013). Work Domain Analysis: Concepts, Guidelines, and Cases. Boca Raton, FL: CRC Press.
Crandall, B., Klein, G. A., & Hoffman, R. R. (2006). Working Minds: A Practitioner’s Guide to Cognitive Task Analysis. Cambridge, MA: MIT Press.
Salmon, P. M., McLean, S., Dallat, C., Mansfield, N., Solomon, C., & Hulme, A. (Eds.). (2020). Human factors and ergonomics in sport: Applications and future directions. CRC Press.
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