Encore à terre mais déjà un peu en mer
MARSAIL vous emmène à bord du Dragon des Océans ! Le duo Pratt/Sorel s’est lancé à l’assaut de la Transat Jacques Vabre 2023 le 07 novembre dernier. Tout au long de la mythique course, Christopher vous fait vivre la course en direct depuis l’IMOCA par ses carnets de bord pour Ouest France et La Provence.
Des mots qui ont voyagé, nés entre les pontons du Havre et les vagues de l’Océan Atlantique. Dans ce premier épisode, il nous raconte comment la course est déjà dans sa tête bien avant le départ.
Épisode 0 : Veillée d'armes
« Ces semaines d’avant-course sont toujours complexes à gérer »
« J’ai beau en être à ma 7e transat Jacques Vabre, j’avoue ne pas encore être certain d’y parvenir ! Je me sens « comme dans un entonnoir »… Au bout de ce dernier : la libération ; comme un skieur dans son portillon de départ qui s’élance sur une piste verglacée qu’il a mémorisée porte après porte.
Au début de la semaine, il y a de la place dans l’entonnoir ; dans ta tête et dans ton emploi du temps. Ce temps, je l’emploie à profiter du village, des amis, des partenaires. Je fais du sport, un peu de relaxation en jetant un œil distrait sur les fichiers météo.
C’est encore loin, mais si proche à la fois.
20 prétendants
Puis, les jours, les heures passent. Le temps vous file entre les doigts.
Le portillon de départ approche. Les routages s’enchaînent.
Progressivement, dans ma tête, la trace se précise. La tension monte.
Inexorablement, j’entre dans une bulle de concentration. Je suis là, sans vraiment y être… Une grande partie de mon corps est déjà dans le bateau, une partie encore plus grande de mon esprit. Je suis déjà projeté dans ces premières heures de courses qui approchent.
Je répète les scénarios presque inconsciemment : quelle voile ? quelle écoute ? quelle route ?
Ces premières heures, ces premiers jours justement ils ressemblent à un champ de bataille où l’engagement total sera impératif pour jouer aux avant-postes dans cette flotte Imoca qui n’a jamais été aussi dense !
Imaginez : plus de 20 bateaux prétendent au podium.
À bord de VandB Monbana Mayenne, il faudra — comme nos amis rugbymen — aller au combat, ne pas reculer, ne pas choquer, accepter la violence des chocs, accepter d’entendre souffrir le bateau et ne rien lâcher pour être devant.
Alors, nous voilà : la veille de départ, dans notre portillon, poings et dents serrés, prêts au combat, prêts à donner le meilleur de nous pour faire rugir notre dragon et porter haut les couleurs de Vaincre la muco.
Dernière nuit chaotique
Max et moi, nous serons prêts à basculer sur une piste particulièrement abrupte et cabossée, prêts pour 15 jours de combat incessant.
Après la dureté de la mise en route, le plaisir remplacera la tension. Nous vivrons ces moments magiques où le bateau file à pleine vitesse sous un ciel étoilé.
Ces moments, je le sais, ils viendront, mais ils se méritent. Ils méritent notre engagement total et entier pour arriver de l’autre côté en étant persuadé d’avoir donné le meilleur de nous-mêmes pour nous, nos partenaires, nos proches et pour les patients qui se battent au quotidien contre la mucoviscidose.
Voici l’heure de la veillée d’armes. Je sais que ma dernière nuit à terre sera chaotique, agitée, au rythme des manœuvres qui s’enchaînent.
Dans ma tête, je suis déjà à bord. Vivement demain.