Transat du RORC 2024, pas juste "une transatlantique de plus"
7 janvier 2024. Le signal a été donné, l’édition 2024 de la mythique transat du RORC vient de commencer. L’Atlantique ouvre les bras à Lady First III et son équipage. Devant eux, quelques 3000 milles nautiques les séparent des Caraïbes (plus précisément, de Grenade), pour treize de jours en mer.
Treize jours de course au rythme des changements de quart, des routages météo, des réglages et des manœuvres (et des danses de dauphins).
Pour Christopher, ce sont treize jours « dont je vais savourer chaque instant ». Treize jours rythmés par les éléments, treize jours de partage avec des compagnons de mer hors pair.
Christopher le sent déjà, cette transatlantique va s’épeler « liberté« .
Apprendre à ralentir
Entamer l’année 2024 par une transatlantique est une chance inouïe ! Christopher le sait, et tente de la savourer dès les premiers instants.
Pourtant il l’admet, « à l’heure du coup de canon, ma tête était encore à terre, anxieuse et préoccupée par les échéances importantes qui nous attendent avec MARSAIL et notre Ocean Fifty Wind Of Trust« . Et, au fond du coeur, l’impression de quitter le navire pour embarquer sur un autre.
Et puis vient la paix. Après quatre jours en mer, gagné par la douce cadence des changements de quart et des éléments, les idées se font plus claires, l’esprit s’apaise peu à peu et surtout, le corps se détend.
Très vite, deux routes s’offrent à l’équipage : une au nord, plus rapide mais très engagée dans une météo complexe, et une au sud, plus longue mais plus sûre. Après plusieurs heures de réflexion stratégique, c’est la route sud qui l’emporte car la sécurité de l’équipage en grande partie amateur est la priorité. « Il a fallu lutter fort avec le ‘moi compétiteur’ pour accepter une route sud plus longue mais plus facile et plus sûre à la place de la route optimale ».
Vient petit à petit la prise de conscience : être forcé et contraint de ralentir (au sens propre comme au sens figuré) a des vertus immédiates.
Décidément, la navigation est un exercice qui permet d’aller bien au-delà du simple exercice physique.
Sur la transat du RORC, un rapport au temps modifié
En mer, l’espace-temps est différent : les repères changent et l’anxiété temporelle diminue de manière spectaculaire (sans disparaître pour autant).
Certes, une course en mer reste un jeu de stratégie et d’anticipation, et donc de projections pour ou moins anxiogènes vers un futur à court ou moyen terme. Mais le vrai enjeu de la transatlantique, c’est une présence absolue à l’instant présent. Comme un cadeau que l’on fait à notre cerveau perpétuellement happé par l’après, l’urgence et la rentabilisation.
Navigateur et entrepreneur (avec le même nombres de jours dans une semaine que le commun des mortels), Christopher sait de quoi il parle sur la sur-sollicitation cérébrale. Et là, quelque part au milieu de l’Atlantique, il respire.
« En mer, notre cerveau respire. Plus ou presque de sollicitations extérieures. Plus de réseau, plus de notifications, plus de bruit ou d’agressions diverses liées à l’effervescence sociétale. »
En mer, le temps n'existe pas. En mer, je n'en manque plus. Je ne cours plus avec lui ni après lui. En mer sont bannis les "j'ai pas le temps" et les "j'ai peur de ne pas avoir assez de temps pour..."
(NDLR : c’est le moment où Christopher a commencé à nous parler de physique quantique, d’intrication et de réversibilité. Mais ça sera pour un prochain article. Un jour. Peut-être.)
Transat du RORC 2024 : une dix-huitième traversée de l'Atlantique pour Christopher
Dimanche 21 janvier. Lady First III et son équipage sont arrivés la veille à Grenade.
Cette transat du RORC 2024 a une saveur particulière pour Christopher : c’est la dix-huitième fois qu’il traverse l’Atlantique à la voile.
« On pourrait penser qu’on s’en lasse, que cela devient banal. Et pourtant. Loin de constituer un exploit nautique ou sportif de quelque sorte que ce soit, traverser l’Atlantique n’en reste pas moins une expérience qui ne laisse jamais indemne. »
C’est une expérience hors du commun que nous fait redécouvrir Christopher : celle de s’extraire, le temps d’un océan, du monde occidental, de se reconnecter à la nature aux dauphins, surtout), aux éléments, et de sentir nos sens se re-développer au fil des jours passés en mer.
Cette transat n’était pas une parenthèse pour Christopher mais plutôt une occasion unique de trouver une bonne raison de rentrer, d’entreprendre, de se réinventer, de se dépasser, de créer, d’apprendre et de partager.
Et la bonne raison de Christopher « est toute trouvée et tient en trois mots : Wind Of Trust. »